Princesse de l'eau,
C'est une plume turquoise du corps de l'oiseau que la Dame a choisi, une toute petite plume aux reflets merveilleux. C'est la couleur de l'eau des récifs de corail et des îles du pacifique.
L'oiseau dit :
« Je connais certains mots du langage de la mer,
la mer nourrit et transforme tout ce qui vient à sa rencontre.
Certains poissons sont les oiseaux de la mer,
as-tu entendu leur chant ?
Un caillou dans l'eau et un caillou dans l'air,
est-ce que ce sont les mêmes ?
Juste sur le rivage,luisant comme un joyau,
il nous parle de l'intermédiaire,
de la rencontre entre deux mondes.
Un peu de terre aux parfums d'océan,
un peu du secret de la mer, offert.
Tu sais que tu ne vas pas le ramasser,
car alors la magie est finie.
Certains poissons sont les oiseaux de la mer,
ils ont quelque secret à te dire à l'oreille,
ils pourraient te guider, au creux des forêts d'algues,
pour trouver le lieu important, le lieu pour comprendre.
Alors, ton caillou de terre, tu le lances dans la mer,
et il en est changé,il devient à présent
un caillou intérieur, caillou blanc qui descend,
doucement, dans l'eau claire, petit caillou posé
sur le sable doré, petit caillou tout blanc
qui repose bien au chaud dans ton cœur, en secret. »
Tu jaillis, tu crèves la surface
de l'océan tout calme, après un si long temps,
ta couronne dorée resplendit au soleil,
toi que chacun croyait disparue à jamais.
Tu t'ébroues hors de l'eau, secoues tes longs cheveux
sombres et bleus comme de l'encre sous les feux du soleil,
les écailles de ton dos dévoilent quand tu bouges
des turquoises et des verts, et des reflets orange.
Tu danses à la surface pareille à un dauphin,
dressée sur cette queue qui depuis si longtemps,
te propulse, te porte, pour évoluer légère
au cœur des forêts d'algues, de tes palais marins.
Tu t'en allais glaner les pierres de couleur,
tu allais les chercher plongeant au plus profond,
tu t'en allais danser au milieu des poissons,
valser en compagnie de la grande baleine.
De ta nage rapide, Tu t'approches, tu t'en viens,
dessinant ton sillage vers la terre des humains,
tu fais chanter gaiement de ton souffle puissant
la conque très ancienne, trois fois tu y reviens.
Chacun lève les yeux surpris de son labeur
où interrompt ses jeux, sans bien savoir pourquoi,
puis bientôt les reprends, mais un sourire nouveau
est présent dans son cœur, et ses yeux sont brillants.
On aperçoit soudain, pour un très court moment,
le rouge étincelant du corail qui te pare,
alors que tu envoies de tes mains, à poignées,
tes pierres de couleur, là bas jusqu'au rivage.
Tu sais que quelques uns au moins les trouveront,
qu'ils sauront les garder, les porterons sur eux,
et qu'ils les transmettront pour dire n'oubliez pas
le respect du vivant, le beau visage de la sirène.
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